Du doute au défi.

Peu de nouvelles ces derniers temps. Et pour cause, les nuits ont été courtes et les journées chargées.

Tout d'abord, un coup dur. Physiquement, il s'est matérialisé par un rendez-vous chez mon comptable. Moralement, c'est comme si la tranche de sa main était venue s'encastrer dans mon bulbe rachidien avec une véhémence suffisante pour détruire les cervicales d'un hippopotame.

Je pense que si j'avais posté un billet à mon retour de ce rendez-vous, les mots clés auraient ressemblé à "dépression", "suicide des PME", "je veux finir cadre chez P&G" et autres symptômes de profonde détresse.

Oubliés les rêves fiscaux hong kongais, je suis directement propulsé dans les méandres de la SARL, dans la spirale des taxes insoupçonnées, des charges tous azimuts et d'un épatant cumul de soustractions qui amenuise considérablement mes espoirs de manger trois fois par jour.

Pour utiliser une métaphore parlante, c'est comme si la case "chiffre d'affaires" était le Mont Blanc et que la case "Bénéfice net" était le monticule de poussière qui gît au fond de la poubelle après avoir vidé le sac de l'aspirateur.

Tout cela n'est en rien une surprise, j'ai décidé d'accepter le système français tel qu'il est. La surprise est venue du comptable.

Il me conseille, avec un sourire pincé, de multiplier mon objectif de chiffre d'affaires par 2, sinon, à quoi bon travailler autant pour si peu alors que je pourrais avoir un salaire de golden boy dans une FMN ?

En gros, je dois transformer le Mont Blanc en Hymalaya ou bien finir chez P&G et faire des Power Points 35 heures par semaine.

Après trois jours d'errance mentale à essayer de définir si mon projet est monté sur des pilliers de marbre ou de sable, le salut est venu d'un reportage sur Ava Gardner.

Brandson, Gates et Jobs ne sont pas les seules inspirations possibles pour créer une société, fort heureusement !

Ava Gardner avait le chic pour réussir à contre-courant, elle n'avait pas peur de dire non aux plus grands, d'avorter deux fois la même année dans l'Amérique puritaine des 30's ou de quitter Hollywood à son apogée et s'installer au finfond de l'Espagne.

Qu'est-ce que cela a à voir avec mon projet ?

Rien, en fait.

Mais ça a suffi à chasser les idées noires de ma tête, à me faire reprendre le clavier du vieux PC de mes parents, et à revoir ma stratégie de A à Z.

Voilà une semaine que je planche sur une nouvelle vision de mon projet et il s'avère que doubler mon CA n'a rien d'impossible.

Je continue mes estimations, je convertis de plus en plus de prospects en clients quasi-finis, il va falloir que je signe la création très bientôt.

Vendredi.